Le joueur et le citoyen Lilian Thuram est en couverture cette semaine de l'hebdomadaire culturel Les Inrockuptibles. Parti se reposer près des siens aux Antilles, l'un des meilleurs joueurs du Mondial se confie longuement sur plusieurs thèmes brûlants comme « la France », « le Mondial », « Zidane » et relate les différentes étapes de sa carrière.
Dans cet entretien exclusif, le sensible, passionné et intransigeant Thuram laisse planer le doute sur son futur avec les Bleus. « J'ai eu des émotions tellement fortes que je n'ai pas envie que ça s'arrête. Mais après il faut réfléchir calmement. Je pourrais jouer encore deux ans sans évoluer avec l'équipe de France, mais je pourrais aussi très bien continuer. J'en suis là (rires) », dit-il laissant la porte ouverte et le temps à la reflexion.
Courtisé avec insistance par le FC Barcelone depuis les déboires de son club rétrogradé en Serie B, le défenseur de la Juventus Turin aborde également sans détour l'issue tragique et frustrante de la compétition allemande. « Il n'y a pas de regrets à avoir. Ça n'engage que moi mais j'ai l'impression que l'équipe de France a été la meilleure équipe du tournoi. On a gagné contre de grandes équipes. L'Italie n'aurait jamais pu nous battre si ça n'avait pas été aux penaltys ». Expulsé en finale à la 110e minute, Zidane a mis les Bleus dans l'embarras. Un geste qu'il condamne sur la forme mais qu'il dit comprendre sur le fond. « Je comprends que Zidane ait réagi. Mais pas sur le terrain, pas sur le terrain... (...) Il s'est trompé, et il le sait. Je ne pense pas que son geste ait eu une incidence sur le résultat du match.»
Il avoue enfin être revenu en équipe de France un peu à contre-coeur, et en répondant à une convocation de Raymond Domenech, qui l'avait sélectionné juste après les retours annoncés de Zidane et Makelele. « Raymond Domenech est venu chez moi pour me dire qu'il allait me sélectionner même contre mon gré. ( ...) Domenech a ensuite donné sa liste et j'étais dedans ! J'y suis allé, mais bon, pas heureux. J'étais un peu énervé, c'est normal. » Thuram a rempilé, le coeur lourd, avant de se prendre au jeu. C'était un an après avoir claqué la porte de la maison tricolore, douze mois après le très mitigé Euro 2004. Un échec qu'il explique sans détour ni langue de bois. « En 2004, il n'y avait pas de solidarité, pas de respect. Sur le terrain, il y avait de l'indiscipline, ça se voyait. On ne travaillait pas ensemble. J'avais 32 ans, j'ai décidé de partir, je n'avais pas envie de perdre mon temps. »
Sujet: Thuram :«Pas envie que ça s'arrête» 